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J’étais fendue en mille.

J’avais 20 ans, j’étais en Gaspésie, devant l’eau, une bouteille de vino à la main. Je me rappelle très clairement avoir appelé mon amie Maleïka, pour tomber sur sa boîte vocale et laisser un message de moi qui pleure, morve, tente de reprendre son souffle, à la limite de l’ineptie, une longue tirade au bout de mes lèvres ponctuée de «je sais pas où je m’en vais», «je suis malheureuse», «esti que je suis malheureuse», «Malé vient me chercher».

Je suis toujours en contrôle de la livraison de mes messages; je suis également hautement méticuleuse sur ce que je décide de dévoiler sur moi ou non. Je sélectionne ce que je dis… et ce que je garde.

C’était la première fois que je laissais ce genre d’appel de détresse.

Tout le monde m’avait envoyé des mots d’encouragement, mon inbox était full. Décrocher un poste comme journaliste pour la télévision à 20 ans, c’était toute qu’une chance que j’ai saisi et j’embrassais l’idée de commencer une carrière si jeune.

J’avais laissé très rapidement mon autre emploi dans le Petit Champlain, fait mes valises, roulé avec mon Accent 2004 bleu poudre avec l’album Fox de Karim Ouellet, le cœur gonflé d’espoir et mes muscles tout raidis par l’anxiété.

Je suis arrivée à Carleton-sur-Mer après 8h de char. J’arrivais pas à voir la vitre arrière tellement j’avais amené de trucs. Je savais même pas où j’allais m’installer.

J’ai fait quelques mois. C’était le premier épisode de journées avec des collègues drôles, rafraîchissants… et certains incroyablement toxiques. L’immensité de la Gaspésie, ses gens attachants n’ont pas réussi à me retenir.

So, je suis partie.

Je voyais pas le bout et j’avais pas envie de me battre à un endroit où j’étais si loin de tous les plus précieux de ma vie.

J’ai roulé vite vite, sous l’orage avec mon Accent 2004 bleu poudre. Une bonne folle. Et c’était terminé. On n’a jamais à accepter ce qui nous détruit.

Quand je suis revenue à Québec, j’ai pris rapidement la décision de partir seule en Asie six mois. Un ras-le-bol dans ma tête que j’avais besoin d’aller nettoyer. Un profond désir de satisfaire mes propres désirs pendant longtemps -c’est quand on part qu’on réalise à quel point on n’est pas à l’écoute de ce qu’on veut. Sur tout.-

Prendre la décision de tout foutre en l’air pour faire ce que je voulais, c’était jouissif, infiniment libérateur, mais extrêmement anxiogène.

Est-ce que je vais être contente de ce que je vais découvrir sur ma façon de dealer avec les autres? Allais-je être en paix avec ce petit bout de femme une fois pour toute et décrasser cette âme lourde? Alléger le tout, rendre la vie simple, revenir à la base?

Se mettre en danger, ça été la décision la plus payante. Se laisser surprendre, se donner du temps, vivre, brailler.

C’est le départ de textes, parcelles de réflexions, chroniques, paragraphes, lignes où se tisseront des histoires drôles, touchantes, softs, qui bousculent.,

Des rencontres qui m’ont fasciné.

Des moments glorieux, d’autres que j’ai eu l’air probablement de la fille la plus insignifiante de l’histoire, certains où je me suis affirmée comme jamais et une partie où j’étais vraiment dans la marde.

C’est un départ. Sant trop de censure.

C’est là que tout a commencé.